Le Trône des Gaules, chapitre 3

Publié le par Frédéric Coulon

Chapitre 3 : février 59, Modène, capitale de la province romaine de Cisalpine

Jules César

Lucius Cornelius Balbus marchait d'un pas serein vers Jules César puis s'arrêta et le salua :

  • Les mines d'or d'Espagne sont plus généreuses qu'escompté. Si vous voulez votre guerre des Gaules, vous l'aurez !, sourit-il.

  • Que l'on serve mon meilleur vin à Balbus si ce banquier est capable de me rassembler 18 millions de sesterces !

Balbus montra une gêne : il joignit ses deux mains, comme implorant César d'être patient et dit :

  • J'ai environ un tiers de la somme que vous demandez. Mes negociatores promettent un tiers de plus si vous leur assurer une mise au diapason radicale du peuple gaulois. C'est-à-dire si vous vous ne vous contentez pas d'écraser les barbares gaulois mais allez plus loin : bâtir des villes nouvelles dans lesquelles ces negociatores pourraient s'installer. Le commerce avec les oppida est insuffisant, mes negociatores veulent des places de marché modernes, des garnisons romaines partout pour assurer leurs transactions et leurs investissements.

  • Ils les auront !

  • Mais quand ?

  • Sous quelques années ! Je réduirai les Gaulois au silence en quelques années et ferait bâtir des villes neuves au pied de leurs oppida, afin de détourner puis assécher leur commerce ! Tu connais le temps qu'il a fallu pour que Narbo Martius (Narbonne) soit debout ?

  • Une dizaine d'années !

  • Oui, et les Romains ont détruit l'ancien comptoir commercial, rattaché à l’oppidum celte de Montlaurès, la capitale des Élisyques. Cet ancien comptoir commercial a été transformé en ville, et vois ce qu'il est advenu de l'oppidum de Montlaurès !

  • Il est mort et abandonné.

  • Nous tarissons la source du commerce gaulois, et la détournons vers nous ! Voilà ce qui sera systématiquement réalisé au pied de chaque oppida que je brûlerai.

  • La violence pourra-t-elle tout régler ? Mes negociatores craignent des actions de guerilla gauloises contre les convois de marchandises.

  • Les oppida seront brûlés, les guerriers gaulois seront vendus comme esclaves. Le reste de la population gauloise subsistera et se placera naturellement sous ma protection. Plus personne ne pourra s'opposer à notre marche en avant.

Balbus se retourna et appela un membre de son escorte personnelle. Il chuchotèrent tous les deux puis l'homme s'éloigna de Balbus et se remit au cœur de l'escorte personnelle de Balbus : ses membres se tenaient debout, à l'entrée de la grande salle de réception de César. Balbus reprit la parole :

  • Quinze coffres te seront acheminés demain à l'aube. Tu y trouveras 6 millions de sesterces. De quoi lever deux voire trois légions, pour une durée de dix ans. Pour un deuxième tiers supplémentaire, cela te sera obtenu à condition que mes negociatores acceptent. Pour qu'ils acceptent, je suis certain qu'il te faudra soumettre une grande partie de la Gaule. Le commerce avec la Belgique est rendu difficile du fait du réseau gaulois, maître des routes commerciales. Il faudra soumettre le cœur de la Gaule et les peuples Belges rapidement si tu veux obtenir l'autre tiers de sesterces.

  • Les Belges seront soumis rapidement. Le problème est qu'il faut que j'agisse en bienfaiteur et non en conquérant, et que pour ce faire, il me faut un prétexte pour intervenir au-delà de la Transalpine, au cœur de la Gaule. Je ne pourrai déclencher ma campagne que si j'obtiens ce prétexte.

  • Je crois savoir que 15 000 Germains s'installent chaque fin d'année en territoire séquane, au nord-est de la Gaule. Et qu'ils se comportent mal, exaspérant et préoccupant la population séquane. Profite de l'hivernage qu'ils effectuent actuellement là-bas, pour les attaquer. La population séquane te considérera comme le bienfaiteur que tu prétends vouloir incarner !

  • C'est une mauvaise idée ! Il faut plutôt attendre qu'il se mette en marche pour le territoire voisin des Eduens, qu'il décide un jour de le mettre à sac pour que je puisse intervenir. Séquanes et Eduens réunis, représentent une tête de pont idéale pour lancer la grande campagne militaire.

  • Qu'Arioviste t'entende, César ! Car tu as dix ans devant toi. Et seulement dix ans ! Les Gaulois ont quelque chose de supérieur aux Espagnols que tu as maté avec très peu d'effectifs : les Gaulois ne te livreront pas une vaste armée clé en main, que tu aurais à briser lors d'une bataille décisive. Les Gaulois te mèneront une véritable guérilla. Il faudra être patient.

  • Je saurai être patient, surtout si je peux provoquer à terme un choc décisif. Je ferai des roitelets, que j'opposerai les uns aux autres jusqu'à ce que les Gaulois me présentent leur plus grand chef, celui qui mènera le choc décisif.

  • Les Gaulois sont divisés depuis des centaines d'années. Une multitude de chefs gouvernent d'une main de fer leurs territoires. A chaque désaccord, tout peut dégénérer en bataille rangée. Je pense que tu ne trouveras jamais de chef capable de rassembler tous les peuples derrière lui. Il te faudra avancer méthodiquement.

  • Je trouverai ce chef, et l'exposerai dans Rome. Ce chef me donnera Rome.

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Publié dans Mes livres

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